Berlin, 19.05.2019 – A l’occasion du 70e anniversaire du réseau œcuménique européen de Church and Peace, environ 150 personnes membres d’Églises de paix, d’organisations pour la paix, de communautés, d’ami-e-s et d’invité-e-s, venant de 10 confessions et traditions chrétiennes et de 14 pays, se sont réunies. Le 18 mai avait lieu une cérémonie à l’église réformée de Moabit à Berlin pour célébrer le passé, le présent et l’avenir sous la devise « ‘ Je vais vous donner un avenir et une espérance’ (Jérémie 29,11 – traduction TOB) – vivre 70 ans de non-violence – résister à la militarisation ».

En 1949, des dialogues s’étaient engagés entre les Églises historiques pour la paix (les mennonites, les quakers et l’Église des Brethren), le Mouvement international de la réconciliation et le Conseil œcuménique des Églises sur leurs différences concernant la théologie et la pratique cohérente de la paix. Ces dialogues qui aboutirent par la suite à la création de Church and Peace. Dans son allocution de bienvenue, la présidente, Antje Heider-Rottwilm, a souligné que ce sujet continue de susciter la controverse aujourd’hui. Malgré le changement de paradigme (œcuménique) si important, qui consiste à passer de la notion de « guerre juste » à celle de « paix juste », c’est encore avec beaucoup d‘hésitation que les Églises officielles se distancient de la justification de la force militaire comme dernier recours – ultima ratio – pour aller vers la transformation non-violente des conflits en tant que première et ultime solution – prima et ultima ratio.

Dans son allocution de bienvenue, l’ambassadeur Volker Berresheim, du ministère fédéral des Affaires étrangères, a souligné que Church and Peace est important dans les moments où la politique atteint ses limites, à savoir lorsqu’il s’agit d’empêcher l’escalade de la violence ou de faire face aux conflits religieux et culturels. Souvent, ce sont les membres des communautés religieuses qui inspirent la confiance et qui créent la confiance comme fondement de la réconciliation.

L’Évêque Markus Dröge, Église évangélique Berlin-Brandebourg – Haute Lusace silésienne (EKBO), a souligné : « Aujourd’hui, nous voyons revenir des forces que nous avions crues surmontées depuis longtemps. Chaque pays, chaque peuple semble soucieux d’obtenir une place dans le monde de demain … et jette par-dessus bord une grande partie des rapprochements et accords qui avaient été élaborés dans le cadre de négociations constructives entre puissances et forces en vue de garantir la paix. Le projet européen de paix redevient un discours de « nous » et « eux » … C’est pourquoi je me réjouis de votre engagement, qui a œuvré sans relâche pendant tant d’années pour la paix. »

Catherine Tsavdaridou, du Patriarcat œcuménique, a adressé les salutations de la Conférence des Églises européennes (CEC) à « cette organisation partenaire si précieuse ». En tant que modératrice du Groupe de travail thématique sur la promotion de la paix et la réconciliation, elle a travaillé en étroite collaboration avec Church and Peace, faisant confiance à « l’expertise, à la motivation et à la persévérance de celle-ci. Au sein de la CEC, Church and Peace a été un instrument important pour exiger que la paix et la réconciliation soient la priorité des institutions européennes en tant qu’alternatives à la militarisation de l’Union européenne ».

Jan Gildemeister, directeur général du Comité d’action au service pour la paix (AGDF), a remercié Church and Peace pour « 70 ans de travail continu en faveur de la paix, et pour les impulsions importantes qui en ont découlé pour l’AGDF ».

Le réseau a également reçu des salutations écrites de la commissaire à la paix de l’Église protestante de l’Allemagne (EKD), Renke Brahms : « J’ai l’espoir et le souhait que Church and Peace continuera à s’engager et à s’impliquer avec passion dans nos sociétés et nos églises à l’avenir ».

Olav Fykse-Tveit, Secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, a souligné que Church and Peace était pour lui synonyme de « la suite obéissante du Christ et un témoignage prophétique en faveur de la paix et de l’action non-violente… Vous rappelez constamment au mouvement œcuménique l’option préférentielle pour la non-violence en réponse à l’amour du Christ, la justice comme don de Dieu, et la paix comme signe de la venue du Royaume de Dieu ».

Hildegard Goss-Mayr, qui a contribué à des solutions non-violentes dans des guerres et des conflits de nombreux pays par le biais du Mouvement international de la réconciliation, demande à Church and Peace d’intensifier le dialogue avec l’Islam « afin de découvrir, d’enseigner et de mettre en œuvre concrètement des éléments communs de foi susceptibles de créer la paix dans la vie personnelle et sociale ».

Le programme de la soirée était consacré à la question «  De quoi a-t-on besoin pour la paix en Europe et au-delà ? Quel rôle Church and Peace peut-elle jouer ? » Six intervenant-e-s ont été invités à donner leur point de vue sur les domaines actuels d’action qui constituent un témoignage pour la paix en Europe : Steve Rauhut de Refo Moabit (Berlin), membre de cette jeune communauté qui a une implication de proximité dans son quartier ; Rebecca Froese, scientifique en recherche climatique à l’Académie de Paix Rhénanie -Palatinat ; Yasser Almaamoun du Centre for Political Beauty à Berlin ; Nadežda Mojsilović du travail interreligieux et inter-ethnique pour la jeunesse à Sarajevo ; Andreas Zumach en tant que journaliste sur l’escalade de la menace nucléaire, et Andrew Lane du Conseil des Quakers pour les affaires européennes à Bruxelles.

A partir de l’engagement des membres de Church and Peace, présent à travers une grande variété de contributions, se dessinent des points d’action pour l’avenir. Entre autres choses, il a été décidé d’intensifier à nouveau l’engagement en faveur du désarmement nucléaire. Dans ce domaine, les membres venant de Serbie ont fait état des conséquences à long terme du bombardement de la Serbie il y a 20 ans avec des munitions enrichies à l’uranium. D’autres ont parlé des effets des « guerres à huis clos », notamment en Afrique, pour l’accès à l’uranium comme matière première.

Le 19 mai, à une semaine des élections européennes, les participants de l’Assemblée générale de Church and Peace se sont joints à la manifestation « 1 Europe pour tous » à Berlin, en signe de leur engagement pour une Europe comme projet de paix. Ils se sont ainsi élevés contre le nationalisme et pour une coexistence démocratique, sociale et non-violente en Europe et dans le monde.

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